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« Le fort, le preux, le grand, le prodigieux Roland,
« C’est merveille que Dieu le souffre si longtemps.
1775« Déjà il prit Nobles sans votre ordre.
« Les Sarrasins sortirent de la ville,
« Et livrèrent bataille à Roland, le bon vassal.
« Il les tua du tranchant de son épée Durendal :
« Ensuite il fit laver à grande eau le pré ensanglanté,
« Afin qu’il n’y parût plus rien.
1780" Pour un lièvre Roland corne toute la journée.
« Avec ses pairs sans doute il est en train de rire ;
" Et puis, qui oserait attaquer Roland ? Personne.
« Chevauchez, Sire ; pourquoi faire halte ?
« Le grand pays est très loin devant nous. "Aoi.

CLIX

1785Le comte Roland a la bouche sanglante ;
De son front la tempe est brisée.
Il sonne l’olifant à grande douleur, à grande angoisse.
Charles et tous les Français l’entendent,
Et le Roi dit : " Ce cor a longue haleine !
1790"— Roland, » dit Naimes, « c’est Roland qui souffre là-bas.
« Sur ma conscience, il y a bataille,
" Et quelqu’un a trahi Roland : c’est celui qui feint avec vous.
« Armez-vous, Sire, jetez votre cri de guerre
« Et secourez votre noble maison : :
1795" Vous entendez assez la plainte de Roland."Aoi.

CLX -

L’Empereur fait sonner tous ses cors ;
Français descendent, et les voilà qui s’arment
De beaumes, de hauberts, d’épées à pommeaux d’or ;
Ils ont de beaux écus, de grandes et fortes lances,
1800Des gonfanons blancs-, rouges, bleus.
Tous les barons du camp remontent à cheval ;
Ils éperonnent, et, tant que durent les défilés,