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« Eh ! roi, notre ami ; que n’êtes-vous ici ?
« Mon frère Olivier ; comment pourrons-nous faire
« Pour lui mander de nos nouvelles ?
1700« — Je n’en sais pas le moyen, » répond Olivier.
« Mais plutôt la mort que le déshonneur ! "Aoi.

CLII

« — Je vais, » dit Roland, « sonner mon cor,
« Et Charles l’entendra, qui passé aux défilés.
" Les Français -, je vous jure, vont retourner sur leurs pas.
1705« — Ce serait grande honte, » répond Olivier.
« Tous vos parents auraient à en rougir ;
« Et ce déshonneur serait sur eux toute leur vie.
« Lorsque je vous le conseillai, vous n’en voulûtes rien faire ;
« Mais ce n’est pas moi qui vous approuverai maintenant.
1710« Sonner de votre cor, non, ce n’est pas d’un brave.
" Puis vous avez déjà vos deux bras tout sanglants :
« — C’est vrai, " répond Roland ; «j’ai donné de fiers coups ! »Aoi.

CLIII

« Notre bataille est rude, " dit Roland ;
« Je vais sonner du cor, et Charles l’entendra. "
1715" — Ce ne serait point, là du courage, » répond Olivier.
« Quand je vous le conseillai, ami, vous ne daignâtes pas le faire.
« Si l’Empereur était ici, nous n’aurions pas subi une telle perte.
« Mais ceux quisont là-bas ne méritent aucun reproche.
« — Par cette mienne barbe, » dit encore Olivier,
1720« Si je revois jamais la belle Aude, ma soeur,
" Vous ne coucherez jamais entre ses bras. »Aoi.

CLIV

" - Pourquoi me garder rancune ? " dit Roland.
" — C’est votre faute, » lui répond Olivier ;
« Le courage sensé n’a rien de commun avec la démence ;