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« Pas un Français, pas un qui ne prie pour nous
« Et ne fasse oraison dans les moutiers.
« Quant à nos âmes, elles seront en paradis. »
Olivier l’entend, éperonne son cheval,
El, à travers la mêlée, s’en vient tout près de Roland :
" Compagnon, venez par ici, » se disent-ils mutuellement ;
« S’il plaît à Dieu, nous ne mourrons pas l’un sans l’autre. »Aoi.


CL


1680Ah ! quel spectacle de voir Roland et Olivier
Combattre et frapper du fer de leurs épées !
L’Archevêque, lui, frappe de sa lance.
On peut savoir le nombre de ceux qu’ils tuèrent :
Ce nombre est écrit dans les chartes, dans les brefs,
1685Et la Geste dit qu’il y en eut plus de quatre mille...
Aux quatre premiers chocs tout va bien pour les Français ;
Mais le cinquième leur fut fatal et terrible ;
Tous les chevaliers de France y sont tués.
Dieu n’en a épargné que soixante ;
1690Mais ceux-là, avant de mourir, ils se vendront cher !Aoi.




LE COR


CLI


Le comte Roland voit la grande perte des siens,
Et parle ainsi à son compagnon Olivier :
« Beau sire, cher compagnon, au nom de Dieu (qu’il vous bénisse !)
" Voyez tous ces bons vassaux qui gisent à terre :
1695« Certes nous pouvons plaindre douce France la belle,
« Qui va demeurer veuve de tels barons.

" la cause de la sainte foi. » Quant aux chartes, elles sont imaginaires, et la Geste, comme nous l’avons dit, n’est sans doute qu’une chanson plus ancienne.