Et les vêtements jusqu’aux chairs vives.
Dieu ! que de têtes coupées en deux,
Que de hauberts brisés et de broignes en pièces !
Le sang clair coule en ruisseaux sur l’herbe verte :
" Nous n’y pouvons tenir, " s’écrient les païens.
" O grand pays, que Mahomet te maudisse !
" Ton peuple est le plus hardi des peuples. "
Pas un Sarrasin qui ne s’écrie : " Marsile, Marsile !
" Chevauche, ô roi : nous avons besoin d’aide. "Aoi.
CXLI
De leurs lances d’acier bruni, les Français donnent de bons coups.
C’est là que l’on pourrait assister à grande douleur
El voir des milliers d’hommes blessés, sanglants, morts.
L’un gît sur l’autre : l’un sur le dos, et l’autre sur. la face.
C’est là qu’on verrait tant de bons chevaux errant sur le champ de bataille
Et traînant leurs rênes qui pendent le long de leur poitrail.
Mais les païens n’y peuvent tenir plus longtemps ;
Bon gré, mal gré, quittent le champ,
Et les Français de les poursuivre de vive force, la lance au dos.
Jusqu’à Marsile fils les pourchassent, et les tuent.Aoi.
CXLII
Les coups de Roland sont d’un rude et fort chevalier ;
Pour les siens, ni trêve, ni repos.
Dieu ! comme les Français chevauchent rapidement !
Au trot, au galop, ils poursuivent les païens,
Ils vont dans le sang rouge jusqu’au milieu du corps.
Leurs épées d’acier sont tordues et brisées :
de fermoirs rons, cele oevre n’est mie
suffisans. " Étienne Boilean ajoute ailleurs : " Que nuls ne puisse vielles oevres réparer ne brunir." Et, dans Perceforest ; on parléd’une épée " plus clere et plus loysante que s’elle venoit des mains du brunisseur ". (Notice des Émaux, 1853, II, 177.) 1627. Lacune comblée." Voir la note du v. 318.