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1505" — Que Dieu me donne de le venger ; " répond Olivier.
Il pique son cheval de ses éperons d’or pur ;
Dans ses mains est Hauteclaire, dont l’acier est rouge de sang.
Il court frapper le païen de toute sa force ;
Tranche le corps, tue le destrier :
Il brandit son coup, et le Sarrasin tombe,
1510Et les démons emportent son âme.
Puis il a tué le duc Alphaïen,
Tranché la tête d’Escababi
Et désarçonné sept Arabes
Qui plus jamais ne seront bons pour guerroyer.
1515" Mon compagnon est en colère, " dit Roland.
" Je ne puis vraiment le comparer à aucun autre homme ;
" Et il conquiert grand honneur a mes côtés :
" Voilà les coups qui, plus encore, nous font aimer de Char les !
" — Frappez, chevaliers, s’écrie Roland ; frappez toujours. "Aoi.

CXXXIII

D’autre part est le païen Valdabrun,
1520Qui, pour la chevalerie, fut leparrain du roi Marsile.
Il est seigneur sur mer de quatre cents vaisseaux.
Pas de marinier qui ne se réclame de lui.
C’est ce Valdabrun qui jadis prit Jérusalem par trahison ;
C’est lui qui viola le temple dé Salomon
1525Et qui devant les fonts égorgea le Patriarche.
C’est encore lui qui a reçu les promesses dû comté Ganelon
Et qui a donné à ce traître son épée avec mille mangons.
Le cheval qu’il monté s’appelle Gramimond :
Un faucon est moins rapide :
1530Il le pique de ses éperons aigus
Et va frapper le puissant duc Samson ;
Il met en pièces l’écu du Français, rompt les maillés du haubert)
Lui fait entrer dans le corps les pans de son gonfanon,

mandie (v. 171), lesquels sont morts tous deux à la fin du xe siècle ; et qui jouent un rôle si important dans notre poème. Ces diverses traditions, qui remontent aux premiers Capetiens, sont venues se joindre, dans notre action épique, à des traditions évidemment carlovingiennes, comme celles du désastre même de Roncevaux et de là mort de Roland.