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Cependant les Français réclament Roland et Olivier.
" A notre aide, les douze Pairs, à notre aide ! "
Et l’Archevêque de leur répondre avant tous autres :
" Hommes de Dieu, faites-vous gaillards et fiers ;
" Voici le jour où les couronnes vont être placées sur vos têtes,
" Et où le saint Paradis va vous être donné. "
Parmi les chevaliers français, c’est alors grande douleur et pitié.
Par très vive amitié l’un pleure sur l’autre,
Et, par charité, tous se donnent mutuellement un dernier baiser :
" À cheval maintenant, " s’écrie Roland,
" Car voici Marsile et ses cent mille païens. "Aoi.

CXXVI

Par le milieu d’une vallée s’avance le roi Marsile,
1450Avec la grande armée qu’il a réunie
Et divisée en vingt colonnes.
Au soleil reluisent les pierreries et l’or des beaumes,
Et ces lances et ces gonfanons,
Et les écus et les hauberts brodés.
Sept mille clairons sonnent la- charge.
1455Quel bruit dans toute la contrée !
" Olivier mon compagnon, » s’écrie Roland, " mon frère Olivier,
" Le traître Ganelon a juré notre mort,
" Et sa trahison n’est ici que trop visible.
" Mais l’Empereur en tirera une terrible vengeance.
1460" Quant à nous, nous aurons une forte et rude bataille :
" Car on ne vit jamais une telle rencontre.
" J’y vais frapper de mon épée Durendal ;
" Vous, compagnon, frappez de votre épée Hauteclaire.
" Nous les avons déjà portées en tant de lieux !
1465" Avec elles déjà nous avons gagné tant de victoires !
" Il ne faut pas qu’on chante sur nous de méchantes chansons. »Aoi.

CXXVII

Quand nos Français voient qu’il y à tant de païens,
Et que là campagne en est couverte de toutes parts,