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CXXIV

Le comte Roland est un bon chevalier ;
Olivier aussi et tous les douze Pairs ;
Et les Français qui sont de grande valeur.
Ils sont vainqueurs, ils massacrent les païens.
Sur cent mille un seul a pu se sauver,
C’est Margaris, et le voilà qui s’enfuit.
Mais s’il s’enfuit, on ne doit point lui en faire de reproches ;
Car il peut sur son corps montrer grandes marques de son courage
Et il est percé de quatre coups de lance.
Margaris s’achemine du côté de l’Espagne
Et raconte tout au roi Marsile.Aoi.

CXXV

Le roi Margaris s’en est donc allé tout seul.
Sa lance est brisée, son écu est percé,
Et, au-dessous de la boucle, n’est plus long que d’un demi-
L’acier de son épée est tout rouge de sang,
Son haubert est rompu et démaillé ;
C’est ainsi qu’il-revient du champ de bataille, où l’on a donné de si fiers coups.
Dieu ! quel baron s’il était chrétien !
Il raconte tout au roi Marsile - -
El, soudain, tombe à ses pieds :
" À cheval, Sire, à cheval, " lui dit-il ;
« Vous trouverez les Français de France ’épuisés
« À force de frapper et de martyriser les nôtres.
« Leurs lances sont en pièces,
" Une grande moitié d’entre eux sont morts ;
" Ceux qui restent sont bien affaiblis,
« La plupart sont blessés et rouges de leur sang,
« Et plus d’armes, ils n’ont plus d’armes pour se défendre !
" Vous n’aurez pas de peine à venger les nôtres.
« Sachez-le bien, Sire, les chrétiens sont bons à vaincre. "