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Depuis Saint-Michel-du-Péril jusqu’aux Saints de Cologne,
Depuis Besançon jusqu’au port de Wissant,
1430Pas une maison dont les murs ne crèvent.
À midi, il y a grandes ténèbres ;
Il ne fait clair que si le ciel se fend.
Tous ceux qui voient ces prodiges en sont dans l’épouvante,
Et plusieurs disent : « C’est la fin du monde,
1435« C’est la consommation du siècle. »
Non, non : ils ne le savent pas, ils se trompent :
C’est le grand deuil pour la mort de Roland !Aoi.

CXX

Les prodiges sont terribles et l’orage effroyable ;
En France, il y a plusieurs signes évidents :
Dès l’heure de midi jusqu’à celle de vêpres,
La nuit y est obscure, et les ténèbres.
Ni le soleil ni la lune n’y jettent leur clarté.
Tous ceux qui voient ces choses croient qu’ils vont mourir ;
Mais, en vérité, on peut bien être en telle douleur,
Quand celui qui conduit tous les autres, quand Roland meurt.
Il n’y eut jamais sur terre un homme de plus haut prix
Pour vaincre les païens el conquérir les royaumes.Aoi.

CXXI

La bataille est formidable ; elle est horrible.
Tous nos Français y frappent du trenchant de l’épée,
Il n’en est pas un dont l’acier ne soit tout rouge de sang.
« Monjoie, » s’écrient-ils ; c’est le nom de la fameuse enseigne.

conviendrait bien comme point extrême de la France : « Du Mont-Saint-Michel aux saints de Cologne, et de Besançon à Wissant. » = Les mss. de Paris, de Lyon et de Cambridge nous donnent Rains. 1437. Lacune comblée. Voir la note du t. 318. = Dans la Kéiser Karl Magnus’s kronike, ces prodiges sont racontés plus brièvement : « Le soleil ne donna plus aucune lumière, et il fit aussi sombre que s’il eût été nuit. Saint Gilles dit que ce miracle arriva à cause de Roland, parce qu’il devait mourir ce jour-la. »

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