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« Frappez, Français, frappez, nous les vaincrons !»
Puis : « Monjoie ! » s’écrie-t-il. C’est le cri de l’Empereur.Aoi.

CI

1235Il y a là un roi du nom de Corsablis ;
Il est de Barbarie, d’un pays lointain.
Le voilà qui se met à interpeller les autres païens :
« Nous pouvons aisément soutenir la bataille :
" Les Français sont si peu !
1240« Ceux qui sont devant nous sont à dédaigner ;
« Pas un n’échappera, Charles n’y peut rien,
« Et voici le jour qu’il leur faudra mourir. »
L’archevêque Turpin l’entend :
Il n’est pas d’homme sous le ciel qu’il haïsse autant que ce païen ;
1245Des éperons d’or fin il pique son cheval
Et va frapper sur Corsablis un coup terrible.
L’écu est mis en pièces, le haubert en lambeaux ;
Il lui plante sa lance au milieu du corps.
Le coup est si rude que le Sarrasin chancelle :
1250A pleine lance, Turpin l’abat mort sur le chemin ;
Puis regarde à terre et y voit le glouton étendu.
Il ne laisse pas de lui parler, et lui, dit :
« Vous en avez menti, lâche païen ;
« Mon seigneur Charles est toujours notre appui,
1255« Et nos Français n’ont pas envie de fuir.
« Vos compagnons, nous saurons bien les arrêter ici,
« Et quant à vous, c’est une nouvelle mort qui vous attend.
« Frappez, Français : que pas un de vous ne s’oublie.
« Le premier coup est nôtre, Dieu merci ! »
1260Puis : « Monjoie ! Monjoie ! » s’écrie-t-il, pour rester maître du champ.Aoi.

CIl

Malprime de Brigal est frappé par Gerin ;
Son bon écu ne lui sert pas pour un denier :