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XCV

D’autre part est l’archevêque Turpin ;
1125Il pique son cheval, et monte sur une colline ;
Puis s’adresse aux Français, et leur fait ce sermon :
« Seigneurs barons, Charles nous a laissés ici,
« C’est notre roi : notre devoir est de mourir pour lui.
« Chrétienté est en péril, maintenez-la.
1130« Il est certain que vous aurez bataille ;
« Car, sous vos yeux, voici les Sarrasins.
« Or donc, battez votre coulpe, et demandez à Dieu merci.
« Pour guérir vos âmes, je vais vous absoudre.
« Si vous mourez, vous serez tous martyrs :
1135« Dans le grand Paradis vos places sont toutes prêtes. »
Français descendent de cheval, s’agenouillent à terre,
Et l’Archevêque les bénit de par Dieu :
« Pour votre pénitence, vous frapperez les païens. »Aoi.

XCVI

Français se redressent, se remettent en pied ;
1140Les voilà absous et quittes de tous leurs péchés.
L’Archevêque leur a donné sa bénédiction au nom de Dieu ;
Puis ils sont montés sur leurs destriers rapides.
Ils sont armés en chevaliers
Et tout disposés pour la bataille.
1145Le comte Roland appelle Olivier :
« Sire compagnon ; vous le savez,
« C’est Ganelon qui nous a tous trahis ;
« Il en a reçu bons deniers en argent et en or.
« L’Empereur devrait bien nous venger.

les âmes des damnés. Il est digne de remarque que nos poètes ont toujours professé le dogme de l’éternité des peines : Diable emportent l’anme en enfer à tous dis. Quant aux images dont ils se servent pour peindre le Paradis, elles ne sont ni très variées ni très compliquées. La plus populaire est celle-ci : « Les saintes fleurs du Paradis. » Se figurer’ le Paradis comme un jardin plein de belles fleurs ! Cette conception est en vérité toute militaire et s’explique par la loi des contrastes". Tous les vieux soldats aiment les fleurs. " (L’Idée religieuse dans les Chansons de geste, par L. G., p. 29.)