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LXXXIV


975D’autre part est Chernuble de Noire-Val.
Ses cheveux descendent jusqu’à terre ;
E se jouant, il porte un plus grand faix
Que ne font quatre mulets chargés,
Dans son pays qu’il vient de quitter,
980Le soleil ne luit pas, et le blé n’y peut croître.
La pluie n’y tombe point, et la rosée n’y touche pas le sol.
Il n’y a pierre qui ne soit noire,
Et plusieurs assurent que c’est la demeure des dénions.
J’ai ceint ma bonnée épée, » dit Chernuble ;
985Je la teindrai en rouge à Roncevaux.
Si je trouve Roland le preux sur mon chemin,
Je l’attaquerai, ou je veux qu’on ne me croie plus jamais.
Je conquerrai l’épée Durendal avec mon épée.
Français mourront, et France périra. »
990À ces mots les douze Pairs de Marsile s’assemblent ;
Ils emmènent avec eux cent mille Sarrasins,
Qui se hâtent et se précipitent à la bataille.
Sous un bois de sapins ils vont s’armer.Aoi.


LXXXV


Les païens se revêtent de hauberts à la sarrasine,
995Qui, pour la plupart, sont doublés d’une triple étoffe.
Sur leurs tètes ils lacent les bons beaumes de Saragosse,
Ils ceignent les épées d’acier viennois.
Leurs écus sont beaux à voir, leurs lances sont de Valence ;
Leurs gonfanons sont blancs, bleus ou rouges.
1000Ils laissent là leurs mulets et leurs bêtes de somme,
Montent sur leurs chevaux de bataille, et s’avancent en rangs serrés...
Le jour fut clair, et beau fut le soleil :

dant la nuit ; il nous parle des oglodytes, qui atteignent les bêtes oces à la course, et raconte que céan, là-bas, bout comme de l’eau chaude, etc. etc. On ne saurait trop consulter l’Imago mundi sur l’état de la science à cette époque. Cf. le poème du XIIIe siècle, l’Image du monde :