Vous irez tous deux aux défilés de Roncevaux
Et m’aiderez à conduire ma gent.
— Sire, » répondent-ils, « à vos ordres.
Nous nous jetterons sur Olivier et sur Roland ;
Rien ne garantira les douze Pairs de la mort.
Nos épées sont bonnes et tranchantes ;
Elles seront bientôt rouges d’un sang chaud.
Français mourront, Charles en pleurera,
Et nous vous ferons présent de la grande Terre.
Sire, vous y verrez ce spectacle : venez,
Et nous mettrons l’Empereur à votre merci. »Aoi.
LXXXIII
Qui tient la terre jusqu’à la mer.
Pour sa beauté les dames lui sont amies ;
Pas une ne peut le voir sans que son front s’éclaircisse ;
Pas une alors, qu’elle le veuille ou non, ne peut s’empêcher de rire.
Nul païen n’est aussi chevalier.’
Au milieu de la foule il s’avance, et, d’une voix plus forte que tous les autres :
" Ne craignez rien, » dit-il au Roi.
" À Roncevaux j’irai tuer Roland,
" Et Olivier n’en emportera pas sa vie.
" C’est pour leur martyre que les douze Pairs sont demeurés là-bas.
" Voyez cette épée à la garde d’or,
" Que je tiens de l’émir de Primes ;
" Elle sera bientôt, je vous le jure, plongée dans le sang rouge.
" Français mourront, et France en sera honnie.
" Quant au vieux Charles à la barbe fleurie,
" Sa douleur et sa colère n’auront plus de fin.
" Avant un an nous aurons mis la main sur la France,
" Et nous coucherons à Saint-Denis. »
Le roi païen s’incline profondément.Aoi.
toute son origine dans une légende ou dans un chant lyrique qui est posté- rieur d’environ deux siècles aux plus anciens éléments du Roland.