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« En Rencesvals à Rollant irai juindre,
« De mort n’avrat guarantisun pur hume.
925 « Veez m’espée ki est e bone e lunge,
« À Durendal jo la metrai encontre,
« Asez orrez la quel irat desure.
« Franceis murrunt, se à nus s’abandonent ;
« Carles li vielz avrat e doel e hunte,
930 « Jamais en tere ne porterat curune. » Aoi.


LXXXI


D’altre part est Escremiz de Valterne ;
Sarrazins est, si est sue la tere.
Devant Marsilie s’escriet en la presse :
" En Rencesvals irai l’orgoill desfaire ;
935 « Se trois Rollant, n’enporterat la teste,
" Ne Oliviers ki les altres cadelet :
« Li duze Per sunt jugiet à grant perte ;
« Franceis murrunt, e France en iert déserte.
"e De bons vassals avrat Carles suffraite. »Aoi.


LXXXII


940 D’altre part est uns paiens, Esturgant ;
Estramaris i est, uns soens cumpainz ;
Cil sunt felun traïtur suduiant.
Ço dist Marsilies : « Seignurs, venez avant.

926. Durendal. Nous allons résumer en quelques propositions l’histoire de la fameuse épée de Roland : 1° Durendal est l’oeuvre du célèbre forgeron Galand ou Veland : tel est le témoignage de dix Chansons de geste, ’ et Fierabras est la seule qui l’attribue à Munifican. = 2° Suivant la Karlamagnus Saga, elle fut donnée à l’Empereur par Malakin d’Ivon, comme rançon de son père Abraham. = 3° Notre poète ajoute que Charles en fit présent à Roland. C’était dans la vallée de Maurienne (?) (le Valsemorien dé la Gran Cunquista de Ultramar), et un ange était descendu des cieux pour enjoindre à l’Empereur, au nom de Dieu, de la donner au meilleur (le ses" capitaines. = 4° D’après le Karleto, la Cronica generai de Espana, et plusieurs autres textes, Durendal est l’épée de cet émir Braibant dont le jeune Charles triomphe en Espagne, au commencement de ses enfances. = 5° Une autre version nous est fournie par Aspremont, et la conquête de Durendal est précisément l’objet de ce poème. La fameuse épée appartient ici au jeune Eaumont, fils do l’émir Agoland : Roland tue Eaumont et lui enlève Durendal. Le théâtre de cet