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« C’est un grand don, beau sire roi, que vous venez de me faire.
« Choisissez-moi donc onze de vos barons,
« Et j’irai me mesurer avec les douze Pairs. »
Le premier qui réponde à cet appel, c’est Fausseron,
880Frère du roi Marsile :
« Beau sire neveu, nous irons, vous et moi ;
« Tous deux ensemble, nous ferons certainement cette bataille.
« Malheur à l’arrière-garde de la grande armée de Charlemagne !
« Nous la tuerons : c’est dit. »Aoi.


LXXVII


885D’autre part est le roi Corsablin,
Il est de Barbarie : c’est une âme perfide et mauvaise ;
Cependant il parle ici tout comme un bon vassal :
« Pour tout l’or de Dieu, je ne voudrais être lâche.
« Et si je trouve Roland, je le défie et l’attaque.
« C’est moi qui suis le troisième Compagnon, élisez le quatrième. »
Mais voyez-vous accourir Malprime de Brigal ?
890Il court plus vite à pied que ne fait un cheval,
Et, devant Marsile, s’écrie à haute voix :
« À Roncevaux ! j’y veux aller,
« Et si j’y trouve Roland, je le tue. »Aoi.


LXXVIII


Il y a là un émir de Balaguer,
895Qui a le corps très beau, le visage fier et clair,

resserrée. Il est impossible que toute l’armée ait passé par ce col ; elle a dû se diviser -et ; selon moi, passer par Irun, par le Val-Carlos, par la route qui domine le château Pignon, et aussi par la voie antique de la vallée d’Aspe à Somport (commune d’Urdos). Les, passages difficiles du Val-Carlos ont une longueur de dix kilomètres : dans beaucoup d’endroits, deux hommes ne peuvent passer de front. Sur l’autre route, que-je n’ai pas suivie, il y avait au moyen âge deux hôpitaux : Orisson et Reculus. Ces deux chemins partent également de Saint- Jean-Pied-de-Port, et viennent se rejoindre avant Roncevaux, près de l’ancienne chapelle d’Ibagneta. L’abbaye est bien "déchue. Si mes souvenirs sont exacts, elle n’offre pas-de vestiges d’architecture remontant au delà du XIVe siècle. En 1882, elle était encore occupée par douze chanoines. La bibliothèque m’en a paru fort dé-