LXX
Le comte Roland appelle Gautier de l’Hum :
" Prenez mille Français de notre terre de France ;
" Occupez les défilés et les hauteurs,
" Afin que l’Empereur n’y perde aucun des siens.
" — Pour vous je le dois bien faire, » répond Gautier.
Avec mille Français de leur terre de France,
Gautier parcourt les passages et les hauteurs.
Point n’en descendra, si mauvaises que soient les nouvelles,
Avant que sept cents épées aient été tirées du fourreau :
Le roi Almaris, du royaume de Belferne,
Lui livra ce jour même une formidable bataille.Aoi.
LXXI
Charles est entré dans le val de Roncevaux ;
L’avant-garde a pour chef le duc Ogier, le baron :
Donc, rien à redouter de ce côté.
Quant à Roland, il demeure en arrière pour garder l’armée ;
Il demeure avec Olivier, avec les douze Pairs,
Avec vingt mille bacheliers, tous, Français de France.
Que Dieu descende à leur secours : ils vont avoir bataille.
Ganelon le sait bien, le félon, le parjure,
Mais il a reçu de l’or pour ne rien dire, et n’en dit rien.Aoi.
LXXII
Hautes sont les montagnes, et ténébreuses les vallées ;
La roche est noire, terribles sont les défilés.
Ce jour même, les Français y passèrent, non sans grande douleur :
A quinze lieues de là on entendit le bruit de leur marche.
Mais, lorsqu’en se dirigeant vers la grande Terre,
Ils virent la Gascogne, le pays de leur seigneur,
813. Lacune comblée. Voir la note du v. 318.