Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sur le sommet de la colline, droit contre le ciel.
Par tout le pays, les Francs prennent leur campement...
710Cependant l’armée païenne chevauche par les grandes vallées,
Hauberts et doubles broignes au dos,
Heaumes en tête, épées au côté,
Écus au cou et lances toutes prêtes.
Au haut de ces montagnes il est un bois : ils y font halte.
715C’est là que quatre cent mille hommes attendent le lever du jour.
Et les Français qui ne le savent pas ! Dieu, quelle douleur !Aoi.


LX


Le jour s’en va, la nuit se fait noire.
Le puissant empereur, Charles s’endort.
Il a un songe : il se voit aux grands défilés de Cizre,
720Tenant entre ses poings sa lance en bois de frêne.
Et voilà que le comte Ganelon s’en est emparé ;
Il la brandit et secoue de telle sorte
Qu’il l’a brisée et mise en pièces entre ses poings,
Et que les éclats en volent vers le ciel...
Charles dormait : point ne s’éveille.Aoi.


LXI


725Après ce songe, il en a un autre.
Il se voit en France, dans sa chapelle, à Aix.
Un ours le mord si cruellement au bras droit,
Qu’il lui a tranché la chair jusqu’à l’os.
Puis, du côté de l’Ardenne, il voit venir un léopard
Qui, très férocement, va l’attaquer aussi.
730Mais alors un lévrier sort de la salle,
Qui accourt vers Charles au galop et par bonds.
Il commence par trancher l’oreille droite de l’ours ;
Puis, avec fureur, s’attaque au léopard.
« Grande bataille ! » s’écrient les Français,
735Et ils ne savent quel sera le vainqueur...
Charles dormait : point ne s’éveille.Aoi.

certain nombre de lacs en cuir, . Cf. le v. 3434.