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« Mais, au nom de cette loi qui est la meilleure aux yeux des chrétiens,
650« Ne t’avise point de changer de. sentiment pour nous.
« Je te donnerai largement de mes trésors :
« Dix mulets chargés de l’or le plus fin d’Arabie ;
« Et chaque année je te ferai pareil présent.
Cependant prends les clefs «-de cette vaste cité,
655« Et présente de ma part tous ces trésors à Charles,
« Avec vingt otages que tu lui laisseras ;
« Mais fais placer Roland à l’arrière-garde.
« Si je le puis trouver aux défilés et aux passages,
« C’est une bataille à mort que je lui livrerai.
« — M’est avis que je tarde trop, » s’écrie Ganelon.
660Alors il monte à cheval, et entre en son voyage...Aoi.


LVII


L’empereur Charles approche de son royaume :
Le voilà arrivé à la cité de Valtierra
Que jadis le comte Roland a prise et ruinée.
Et depuis ce jour là elle fut cent ans déserte.
665C’est là que le roi attend des nouvelles de Ganelon,
Et le tribut d’Espagne, la grande terre.
Or, un matin, à l’aube, quand le jour jette sa première clarté,
Le comte Ganelon arrive au campement.Aoi.


LVIII


Le jour est beau, le soleil clair.
L’Empereur s’est levé de grand matin,
670A entendu messe et matines,

destruction de Valtierra, il ne reste aucune trace, dans nos Chansons de geste. Et nous avons peut-être là une nouvelle preuve de ce fait incontestable, « que nous avons perdu un certain nombre de ces vieux poèmes. » 669. Li Emperere est par matin levez. Nous avons raconté ailleurs une « journée de Charlemagne ». (Épopées françaises, 2e édition, III, pp. 121-133.) Son sommeil ne ressemblait pas à celui des autres, hommes : un ange était toujours à son chevet. (Roland, v. 2528.) La Chronique du faux Turpin rapporte « qu’autour de son lit, chaque nuit, cent vingt forts orthodoxes étaient placés pour le garder, l’épée nue d’une main, et, de l’autre, un flambeau ardent. » (Cap. XX) = Toutes nos Chansons sont