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610 Marsilies fait porter un livre avant :
La lei i fut Mahum e Tervagan.
Ço ad juret li Sarrazins. Espans :
« S’ en rere-guarde troevet le cors Rollant.
« Cumbatrat sei à trestute sa gent,
615 « E, se il poet, murrat i veirement ;
« Li duze Per sunt mort à jugement. »
Guenes respunt : « Bien seit nostre cuvenz ! »Aoi.


LII


Atant i vint uns paiens, Valdabruns
Icil levat le rei Marsiliun ;
Cler, en riant, l’ad dit à Guenelun :
620 « Tenez m’espée, meillur n’en ad nuls hum,
« Entre les helz ad plus de mil manguns :
« Par amistiet, bels sire, la vus duins,
« Que nus aidiez de Rollant le barun,
« Qu’en rere-guarde œuver le poüssum.
625 « — Bien serat fait, » li queus Guenes respunt ;
« E vus plevis que nus les cumbatrum.
« E vus afie que nus les ocirum. »
Pois, se baisièrent es vis e es mentuns.Aoi.


LIII


Après i vint uns paiens, Climborins ;
Cler, en riant, à Guenelun l’ad dit : ’
« Tenez mun helme, unkes meillur ne vi ;

621. Entre les helz. Pour les helz, qui sont sans doute les, « quillons », et pour le pommeau, voy. notre Éclaircissement III, sur le costume de guerre. = Le texte de Versailles est précieux : Entre le heut et le pont qui est en son, De l’or d’Espaigne vaut dis mille mangons. = Il est connu que les mangons sont une sorte de monnaie (voir Ducange, , au mot Mancusa) ; mais le sens est, d’ailleurs, assez difficile à établir. S’agirait -il ’d’une épêé dans le pommeau de laquelle on aurait mis des pièces d’or ! C’est ce que semblerait indiquer le vers 1528 : Il li dunat s’espée mil manguns. Mais, à coup sûr, le pommeau n’était susceptible que de recevoir un petit nombre de ces pièces. Il n’y avait donc là que l’équivalent ou la valenr de mille mangons.

626. Pois, se baisièrent. Le baiser sur la bouche était l’un des rites de