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« — Ce ne sera certes pas, » dit Ganelon, « tant que vivra Roland ;
« Il n’est tel baron d’ici en Orient ;
« Son compagnon Olivier est aussi plein de valeur.
560« Les douze Pairs, que Charles aime tant,
« Font l’avant-garde, à la tête de vingt mille Francs.
« Charles peut être tranquille, et ne craint nul homme vivant. »Aoi.


XLVII


« Beau sire Ganelon, » dit le roi Marsile,
« Mon peuple est le plus beau qu’on puisse voir.
565« Je puis avoir quatre cent mille chevaliers
« Pour engager la lutte avec Charlemagne et ses Français.
« — Ce n’est pas encore celle fois, » répond Ganelon, « que vous les vaincrez,
« Et vous y perdrez des milliers de vos païens.
« Laissez cette folie, et tenez-vous à la sagesse :
570« Donnez tant d’argent à l’Empereur,
« Que les Français en soient tout émerveillés.
« Au prix de vingt otages que vous lui enverrez,
« Le roi Charles s’en retournera en douce France
« El derrière lui laissera son arrière-garde ;
575« Je crois bien que son neveu Roland en fera partie,
« Avec Olivier le preux et le courtois.
« Si vous m’en voulez croire, les deux comtes sont morts.
« Charles, par là, verra tomber son grand orgueil
« Et n’aura plus envie de jamais vous combattre. »Aoi.


XLVIII


580« Beau sire Ganelon, » dit le roi Marsile,
« Comment m’y prendrai-je pour tuer, Roland ?
« — Je saurai bien vous le dire, » répond Ganelon.
« Le roi sera aux meilleurs défilés de Cizre,

rentes formes qu’a reçues ce vocable géographique depuis le IXe siècle : Vallis-Sirsia, en 980 ; Cycereo, Sizara, Cizia, Cisera, Cisara, au XIIe siècle ; Ciza, Cizïe, au XIIIe ; Cisia, au XIVe Sizie, au XVe. Dans la Chronique de Turpin, on appelle ces ports Ciserei portus, et portae. Caesaris dans la Kaiserscronik. L’historien arabe Edrisi se sert, en 1154, du mot Cezer.