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XLV


« En vérité, » dit le païen, « je suis tout émerveillé
« À la vue de Charlemagne, qui est si vieux et si chenu.
« Il a bien, je crois, deux cents ans et plus.
540« Il a peiné son corps par tant de royaumes !
« Il a reçu tant de coups de lance et d’épieu !
« Il a réduit à mendier tant de rois puissants !
» Quand donc sera-t-il las de guerroyer ainsi ?
« — Ah ! » répond Ganelon, « ce n’est certes pas tant que vivra son neveu :
545« Sous la chape des cieux il n’y a pas un baron de sa taille :
« Son compagnon Olivier est aussi plein de prouesse.
« Les douze Pairs, qui sont tant aimés de Charlemagne,
« Font l’avant-garde, à la tête de vingt mille chevaliers.
« Charlemagne peut être tranquille, et ne craint aucun homme. »Aoi.


XLVI


550« Je suis tout émerveillé, » dit le Sarrasin,
« À la vue de Charlemagne, qui est chenu et blanc.
« Il a bien, je crois, deux cents ans passés.
« Il a marché en conquérant par tant de terres !
« Il a reçu tant de coups de bons épieux tranchants !
555« Il a vaincu en bataille et mis à mort tant de rois puissants !
« Quand donc sera-t-il las de guerroyer ainsi ?

haute, et qui. le plus souvent est en bois de frêne ; 2° le fer, qui est d’acier bruni, en losange, quelquefois triangufaire. Les fers du Poitou et de Bordeaux semblent avoir été particulièrement célèbres. (G. Demay, le Costume de guerre et d’apparat, p. 39.) Au haut de la lance est attaché le gonfanon ou l’enseigne, qui presque toujours est à trois langues ou à trois pans. = Le mot espiet, dans le Roland, a partout le même sens que le mot lance. = Voir ci-contre le sceau de Thibaut IV, comte de Blois (1138), et celui de Galeran, comte de Menlan (1165).