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« Mielz en valt l’ors que ne funt cinc cenz livres,
« Einz demain noit bele en iert l’amendise. »
A l’ col de Guene les pent li reis Marsilies.
Guenes respunt : « Jo ne l’ desotrei mie.
« Deus, se lui plaist, à bien le vus meroi et ! »Aoi.


XLIV


520 Ço dist Marsilies :.« Guenes, par veir creez,
« En talent ai que mult vus voeille amer.
« Nosire cunseilz bien deit estre celtez :
« De Carlemagne vus voeill oïr parler.
« Il est mult vielz, si ad sun tens uset ;
« Mien escient, dous cenz anz ad passet.
525 « Par tantes teres ad sun cors demenet !
« Tanz colps ad pris sur sun escut bucler !
« Tanz riches reis cunduiz à mendeïer !
« Quand iert-il mais recréant d’osteier ?
« Ad Ais en France devreit il reposer. »
Guenes respunt : « Carles n’est mie tels.
530 « N’est bum ki l’ veit e conoistre le set,
« Que ço ne diet que l’Emperere est ber.
« Tant ne l’ vus sai ne preisier ne loer
« Que plus n’i ad d’honur e de bontet.
« Sa grant valur Ici la purreit cunter ?
535 « De tel barnage l’ad Deus enluminet !
« Mielz voeill murir que guerpir sun barnet.Aoi.

624. Dous cenz anz. Un autre de nos poètes donne à Charlemagne plus de deux cents ans : c’est l’auteur de Gaydon ; mais il ne faut pas oublier, que cette Chanson n’a rien de traditionnel : « Il y a deux cents ans passés que je fus fait chevalier, dit l’Empereur, et depuis lors je n’ai pas conquis moins de trente-deux royaumes.» (Édit. S. Luce, t. 10252-10355.) L’auteur de Huon de Bordeaux est plus modeste et se contente de faire de-Charles un centenaire. Toutes nos Chansons s’accordent à représenter le grand roi sous les traits d’un vieillard « à la barbe fleurie ».

526. Sun escut bucler. L’écu, c’est le bouclier chevaleresque. Il peut couvrir un homme debout, depuis la tête jusqu’aux pieds. Il est en bois cambré, couvert d’un cuir plus ou moins orné et peint, « le tout solidement relié par une armature de bandes de métal qu’on faisait concourir à son ornementation. » Il est muni d’enarmes ou d’anses dans lesquelles le chevalier