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PREFACE on rêve, en 1865 — lorsque je commençais à m'occuper de cette chère Chanson de Roland, — était de la faire pénétrer dans l'enseignement secondaire et de lui conquérir, dans toutes les classes de la société, une nouvelle et durable popularité. J'étais fort ambitieux, comme on le voit, et cependant ce rêve, que je croyais irréalisable , a été réalisé. Il y a quelques années, le Roland était désigné par les deux Agrégations des « classes supérieures » et des « classes de grammaire »; peu de temps après, il était officiellement placé au nombre des élastiques à l'usage des élèves de seconde. Un de mes bons amis , lisant en mon âme le plaisir que devait me causer un coup d'État aussi inattendu , écrirait ces jours derniers dans la Revue des questions historiques qut . « le jour où j'appris cette heureuse nouvelle, j'avais dû illuminer toutes mes fenêtres en verres de couleur. » La vérité est que j'en fus comblé de joie, et je n'ai vraiment aucune raison de le cacher.' Ce n'était encore là, néanmoins, qu'une satisfaction incomplète, et je n'avais pas encore réussi, comme je le souhaitais , à faire parvenir le vieux poème à l'adresse du vrai peuple, des femmes et des enfant.'. Mes éditeurs ont consenti à s'associer à ce vœu, et voici qu'ils publient cette nouvelle édition, <jui est d'allure populaire. Ici, pas d'érudition, pas de subtilités philologiciues, pas d'appareil ennuyeux. Le texte même du onzième siècle, si difficile et si rude d'as- pect, n'est pas mis intégralement sous les yeux de nos lecteurs, et l'on en a seulement imprimé quelques extraits à l'usage des collèges et en vue des examens universitaires. Une Introduction très sommaire, une traduction commentée : c'est tout. Rien de p lus vulgarisateur, rien de plus net. Il me semble qu'une jeune pensionnaire, qu'un collégien de douze ans, un ouvrier et un paysan, comprendront tout en ce livre véritablement élémentaire. Et, à force de le leur faire comprendre, j'espère bien que je finirai par le leur faire aimer. A un livre aussi populaire on n'a pas voulu refuser la parure d'une illustration originale. MM. Olivier Merson , aujourd'hui membre de