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UN TOUlt en senatone. 5 !)

par de gros tampons de cuir, pour tempérer le frottement et les chocs accidentels. — En tête un remorqueur, espèce de l’orge roulante, d’où sïechapptænt. des pluies Œélincelles, et qui ressemble, avec son tuyau dressé, à un éléphant qui marcherait la trompe en l’air. — Le reniflement perpétuel de cette machine, qui, en fonctionnant, crache une noire vapeur, avec un bruit pareil à celui que ferait, en snufllant l’eau salée par ses events, un monstre marin enrhumé du cerveau, est assurément la chose du monde la plus insupportable et la plus pénible ; l’odeur létide du charbon de terre doit être aussi mise en ligne de compte parmi les avantages de cette manière de voyager.

Ie m’imaginais que l’on ne sentait aucune espèce de cahot ni de mouvement sur les bandes polies du chemin de fer ; c’est une erreur : les voitures traînées par le remorqueur ont une oscillation d’avant en arrière, une espèce de tangage horizontal qui affadit et donne mal au cœur. Ce n’est point un cahotement de bas en haut comme celui qui est causé par les inégalités des chemins ordinaires ; c’est un mouvement pareil à celui d’un tiroir à coulisse qu’on ouvrirait et qu’on refermerait plusieurs fois de suite avec précipitation. Le remorqueur se met en marche, la première voiture tire la seconde qui vient frapper sur le tampon intercalaire, et ainsi de suite, jusqu’au bout de la file ; ce contre-coup sourd est quelque chose d’affreux, surtout quand le remorqueur s’arrête, — cérémonie qui s’exécute avec une musique de ferraille peu réjouissante.

Pour la vitesse, elle est assez grande ; mais cependant, elle ne m’a pas paru dépasser celle d’une chaise de poste. On m’a dit, il est vrai, que la machine pouvait être beaucoup plus poussée, et la force de progression doublée. —

—Après cela, il y a cette petite considération, de sauter en