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aventures du baron de münchhausen.

gent, si prudent, qu’on ne pouvait le voir sans me l’envier. Jour et nuit, il était bon ; la nuit je lui attachais une lanterne à la queue, et, en cet équipage, il chassait tout aussi bien, peut-être mieux qu’en plein jour.

Peu de temps après mon mariage, ma femme manifesta le désir de faire une partie de chasse. Je pris les devants pour faire lever quelque chose, et je ne tardai pas à voir mon chien arrêté devant une compagnie de quelques centaines de perdreaux. J’attendis ma femme, qui venait derrière moi, avec mon lieutenant et un domestique : j’attendis longtemps, personne n’arrivait ; enfin, assez inquiet, je retournai sur mes pas, et, quand je fus à moitié chemin, j’entendis des gémissements lamentables : ils semblaient être tout près, et cependant je n’apercevais nulle part trace d’être vivant.

Je descendis de cheval, j’appliquai mon oreille contre le sol, et non-seulement je compris que les gémissements venaient de dessous terre, mais encore je reconnus les voix de ma femme, de mon lieutenant et de mon domestique. Je remarquai en même temps que non loin de l’endroit où j’étais s’ouvrait un puits de mine de houille, et je ne doutai plus que ma femme et ses malheureux