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aventures du baron de münchhausen.

couché sur le côté. Il était descendu sur un arbre à homards et en avait détaché quelques fruits, lesquels étaient tombés sur un arbre à écrevisses placé plus bas. Comme la chose se passait au printemps et que les homards étaient tout jeunes, ils s’unirent aux écrevisses ; il en résulta un fruit qui tenait des deux espèces à la fois. Je voulus, pour la rareté du fait, en cueillir un sujet ; mais ce poids m’aurait fort embarrassé, et puis mon Pégase ne voulait pas s’arrêter.

« J’étais à peu près à moitié route, et me trouvais dans une vallée située à cinq cents toises au moins au-dessous de la surface de la mer : je commençais à souffrir du manque d’air. Au surplus, ma position était loin d’être agréable sous bien d’autres rapports. Je rencontrais de temps en temps de gros poissons qui, autant que j’en pouvais juger par l’ouverture de leurs gueules, ne paraissaient pas éloignés de vouloir nous avaler tous deux. Ma pauvre Rossinante était aveugle, et je ne dus qu’à ma prudence d’échapper aux intentions hostiles de ces messieurs affamés. Je continuai donc à galoper, dans le but de me mettre le plus tôt possible à sec.

« Parvenu assez près des rives de la Hollande, et n’ayant plus guère qu’une vingtaine de toises d’eau sur la tête, je crus apercevoir, étendue sur le sable, une forme humaine, qu’à ses vêtements je reconnus être un corps de femme. Il me sembla qu’elle donnait encore