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aventures du baron de münchhausen.

— Bonne chance ! bonne chance, chasseur ! lui criai-je ; mais sur quoi tires-tu ? Je ne vois rien que le bleu du ciel.

— Oh ! répondit-il, j’essaye cette carabine qui me vient de chez Kuchenreicher, de Ratisbonne. Il y avait là-bas, sur la flèche de Strasbourg, un moineau que je viens d’abattre.

Ceux qui connaissent ma passion pour les nobles plaisirs de la chasse ne s’étonneront pas si je leur dis que je sautai au cou de cet excellent tireur. Je n’épargnai rien pour le prendre à mon service : cela va de soi.

Nous poursuivîmes notre voyage et nous atteignîmes enfin le mont Liban. Là nous trouvâmes, devant une grande forêt de cèdres, un homme court et trapu, attelé à une corde qui enveloppait toute la forêt.

— Qu’est-ce que tu tires là, mon ami ? demandai-je à ce drôle.

— J’étais venu pour couper du bois de construction, et, comme j’ai oublié ma hache à la maison, je tâche de me tirer du mieux que je puis.

En disant cela, il abattit d’un seul coup toute la forêt, qui mesurait bien un mille carré, comme si c’eût été un