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PRÉFACE.

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il t’est imaginé (a-t-il tort ou raison ?) qu’il y avait encore de par la France quelques bonnes gens comme lui qui s’ennuyaient mortellement de toute cette politique hargneuse des grands journaux, et dont le cœur se levait à cette polémique indécente et furibonde de maintenant.

Pour les critiques d’art ou de grammaire qu’on pourra lui adresser, il y souscrit d’avance. II connaît très bien les défauts et les taches de son livre s’il n’a pas évité les uns et enlevé les antres, c’est qu’ils sont tellement inhérens à sa nature, qu’il ne saurait exister sans eux, du moins c’est l’excuse qu’il donne à sa paresse.

Quant anx utilitaires, utopistes, économistes saint-simonistes et autres qui lui demanderont à quoi cela rime,-Il répondra : Le premier vers rime avec le second quand la rime n’est pas mauvaise, et ainsi de suite.

A quoi cela sert-il ? Cela sert à être beau. N’est-ce pas assez ? comme les fleurs, comme les parfums, comme les oiseaux, comme tout ce que l’homme n’a pu détourner et dépraver à son usage. En général, dès qu’une chose devient utile, elle cesse d’être belle. -Elle rentre dans la vie positive, de poésie elle devient prose, de libre, esclave. Tout l’art est là. L’art c’est la liberté, le luxe, l'efflorescence, c’est l’épanouissement de l’ime dans l’oisiveté. La peinture, la sculpture, la musique ne servent absolumedt à rien. Les bijoux curieusement ciselés, les colifichets rares, les parures singulières, sont de pures superfluités.– Qui voudrait cependant les retrancher ? 1 -Le bonheur ne consiste pas à avoir ce qui est indispensable, ne pas souffrir n’est pas jouir, et les objets dont on a le