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Sonnet IV.

 
Lorsque je vous dépeins cet amour sans mélange,
Cet amour à la fois ardent, grave et jaloux,
Que maintenant je porte au fond du cœur pour vous,
Et dont je me raillais jadis, ô mon jeune ange,

Rien de ce que je dis ne vous parait étrange ;
Rien n’allume en vos yeux un éclair de courroux ;
Vous dirigez vers moi vos regards longs et doux,
Votre pâleur nacrée en incarnat se change :

Il est vrai. — Dans la mienne, en la forçant un peu,
Je puis emprisonner votre main blanche et frèle
Et baiser votre front si pur sous la dentelle.

Mais — ce n’est pas assez pour un amour de feu ;
Non, ce n’est pas assez de souffrir qu’on vous aime,
Ma belle paresseuse, il faut aimer vous-même.