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Elle a renvoyé Pharnabaze, le grand satrape, quoiqu’elle ne lui eût encore dévoré qu’une province, et refusé tout net Cléarchus, un beau jeune homme qui venait d’hériter.

Toute la fashion athénienne est révoltée de cette vertu ignoble et monstrueuse. Axiochus demande ce que vont devenir les fils de famille et comment ils s’y prendront pour se ruiner ; Alcibiade veut mettre le feu à la maison et enlever Plangon de vive force au dragon égoïste qui la garde pour lui seul, prétention exorbitante ; Cléon appelle la colère de Vénus Pandémos sur son infidèle prêtresse ; Thrasylle est si désespéré qu’il ne se fait plus friser que deux fois par jour.

L’amant de Plangon est un jeune enfant si beau qu’on le prendrait pour Hyacinthe, l’ami d’Apollon : une grâce divine accompagne tous ses mouvements, comme le son d’une lyre ; ses cheveux noirs et bouclés roulent en ondes luisantes sur ses épaules lustrées et blanches comme le marbre de Paros, et pendent au long de sa charmante figure, pareils à des grappes de raisins mûrs ; une robe du plus fin lin s’arrange autour de sa taille en plis souples et légers ; des bandelettes blanches, tramées de fil d’or, montent en se croisant autour de ses jambes rondes et polies, si belles, que Diane, la svelte chasseresse, les eût jalousées ; le pouce de son pied, légèrement écarté des autres doigts, rappelle les