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mirablement proportionnées, rondes et vigoureuses à la fois : des muscles d’acier sous une peau de velours ; quelque chose dans le goût du Bacchus indien que l’on voit au Musée des Antiques, et qui peut lutter de perfection harmonieuse avec la Vénus de Milo elle-même ; car rien au monde n’est plus beau que la grâce mariée à la force. ― Sous l’éblouissante blancheur de son linge l’on devine une poitrine large et profonde, solide et polie comme du marbre, où il doit être bien charmant pour une femme de reposer sa tête ; des bras aussi bien modelés que ceux de l’Antinoüs, terminés par des mains d’une perfection inimitable, se font parfaitement deviner à travers une manche fort juste.

Quant au reste du costume, nous ne le décrirons pas ; la description d’un gilet, d’un habit et d’un pantalon modernes ferait reculer d’horreur de plus hardis que nous. Vous pouvez seulement vous imaginer ce qu’il devait être en pensant aux chefs-d’œuvre des plus lyriques tailleurs de Paris, que vous avez admirés sur le dos de quelque merveilleux au concert, à la promenade ou ailleurs ; seulement, ajoutez-y mentalement une élégance divine, je ne sais quel laisser-aller aristocratique et nonchalant, une modestie pleine de sécurité et d’aplomb, une grâce distraite, des manières que vous n’avez certainement vues chez aucun merveilleux ; de plus, à l’index de la main gauche, un diamant d’une