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la poche, qu’elle aimait plus que ses amants, son mari et ses enfants, plus que le whist et le reversi. Quelle allait être la joie d’Éliante en recevant le cher petit chien dans un corbillon doublé de soie et tout enrubanné de faveurs roses ! Quels langoureux tours de prunelle, quels regards assassins, quels adorables petits sourires allaient être décochés sur l’heureux Alcindor, jusqu’au moment, sans doute très prochain, où sonnerait l’heure du berger si impatiemment attendue ! « Versac va en crever de rage, car, malgré ses airs détachés, je le soupçonne très fort d’être encore amouraché de la comtesse Éliante et de mener une intrigue sous main avec elle, » se dit Alcindor en faisant craquer ses doigts en signe de jubilation.

Le duc, pour ne pas perdre de temps, résolut d’aller porter le soir même à la jeune belle le Fanfreluche supposé dont il était loin de suspecter l’identité ; la mine innocente de Similor et de Giroflée éloignait du reste toute idée de fraude Alcindor était à cent lieues de supposer que ce chien, pour lequel il avait donné vingt-cinq louis, ne coûtait effectivement que vingt-quatre sous. La ressemblance était complète pattes torses, nez retroussé, marque sur les yeux, queue en trompette ; deux gouttes d’eau, deux œufs ne sont pas plus pareils. Alcindor heureusement ne s’avisa pas de faire répéter le menuet au Sosie de Fanfreluche ; le bichon du pont