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meilleur temps, que Terburg ou Gaspard Netscher ne refuserait pas de signer.

Quelle différence entre cet intérieur si net, si propre, si facilement compréhensible, et la chambre d’une jeune fille française, toujours encombrée de chiffons, de papier de musique, d’aquarelles commencées, où chaque objet est hors de sa place, où les robes dépliées pendent sur le dos des chaises, où le chat de la maison déchiffre avec ses griffes le roman oublié à terre ! – Comme l’eau où trempe cette rose à moitié effeuillée est limpide et cristalline ! comme ce linge est blanc, comme ces verreries sont claires ! – Pas un atome voltigeant, pas une peluche égarée.

Metzu, qui peignait dans un pavillon situé au milieu d’une pièce d’eau pour conserver l’intégrité de ses teintes, eût travaillé sans inquiétude dans la chambre de Gretchen. La plaque de fonte du fond de la cheminée y reluit comme un bas-relief d’argent.

Maintenant une crainte vient nous saisir : est-ce bien l’héroïne qui convient à note héros ? Gretchen est-elle véritablement l’idéal de Tiburce ? Tout cela n’est-il pas bien minutieux, bien bourgeois, bien positif ? N’est-ce pas là plutôt le type hollandais que le type flamand, et pensez-vous, en conscience, que les modèles de Rubens fussent ainsi faits ? N’était-ce pas de préférence de joyeuses commères, hautes en