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sobre, étouffé ; la chambre de Marguerite elle-même n’est pas d’un effet plus virginalement mélancolique : c’est la sérénité de l’innocence qui préside à tous ces petits détails de charmante propreté.

Les murailles, brunes de ton et revêtues à hauteur d’appui d’un lambris de chêne, n’ont d’autre ornement qu’une madone de plâtre colorié, habillée d’étoffes comme une poupée, avec des souliers de satin, une couronne de moelle de roseau, un collier de verroterie et deux petits vases de fleurs artificielles placés devant elle. Au fond de la pièce, dans le coin le plus noyé d’ombre, s’élève un lit à quenouilles de forme ancienne et garni de rideaux de serge verte et de pentes à grandes dents ourlées de galons jaunes ; au chevet, un christ, dont le bas de la croix forme bénitier, étend ses bras d’ivoire sur le sommeil de la chaste créature.

Un bahut qui miroite comme une glace à contre-jour, tant il est bien frotté ; une table à pieds tors posée auprès de la fenêtre et chargée de pelotes, d’écheveaux de fil et de tout l’attirail de l’ouvrière en dentelle ; un grand fauteuil en tapisserie, quelques chaises à dossier de forme Louis XIII, comme on en voit dans les vieilles gravures d’Abraham Bosse, composent cet ameublement d’une simplicité presque puritaine.

Cependant nous devons ajouter que Gretchen,