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voir ce qu’il y a derrière les broderies de la fenêtre basse, car pour premier renseignement nous devons vous dire que l’héroïne de cette nouvelle habite au rez-de-chaussée, et qu’elle s’appelle Gretchen, nom qui, pour n’être pas si euphonique qu’Ethelwina ou Azélie, paraît d’une suffisante douceur aux oreilles allemandes et néerlandaises.

Entrez après avoir soigneusement essuyé vos pieds, car la propreté flamande règne ici despotiquement. — En Flandre l’on ne se lave la figure qu’une fois la semaine, mais en revanche les planchers sont échaudés et grattés à vif deux fois par jour. — Le parquet du couloir, comme celui du reste de la maison, est fait de planches de sapin dont on conserve le ton naturel, et dont aucun enduit n’empêche de voir les longues veines pâles et les nœuds étoilés ; il est saupoudré d’une légère couche de sable de mer soigneusement tamisé, dont le grain retient le pied et empêche les glissades si fréquentes dans nos salons, où l’on patine plutôt que l’on ne marche. — La chambre de Gretchen est à droite, c’est cette porte d’un gris modeste dont le bouton de cuivre écuré au tripoli reluit comme s’il était d’or ; frottez encore une fois vos semelles sur ce paillasson de roseaux ; l’empereur lui-même n’entrerait pas avec des bottes crottées.

Regardez un instant ce doux et tranquille intérieur ; rien n’y attire l’œil ; tout est calme,