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qui n’avaient pas encore terminé leurs nattes, se rapprochèrent pour ne pas donner à ses cheveux une tension douloureuse ; mais, l’une d’entre elles n’ayant pas été assez prompte, Soudja-Sari poussa un cri plus aigu que le sifflement d’un aspic sur lequel on vient de marcher, et se dressa avec un mouvement brusque et sec.

L’esclave pâlit en voyant Soudja-Sari chercher à retirer des cheveux de Rima-Pahes une des longues aiguilles d’or qui les retenaient ; car une des habitudes de notre infante était de planter des épingles dans la gorge de ses femmes lorsqu’elles ne s’acquittaient pas de leurs fonctions avec toute la légèreté désirable. — Cependant, comme l’aiguille ne céda pas tout d’abord, Soudja-Sari reprit sa pose nonchalante et referma les yeux.

L’esclave respira.

La toilette de Soudja-Sari s’acheva sans autre incident.

Voici comme elle était mise : un pantalon à bandes noires, sur un fond d’or fauve, lui montait jusqu’aux hanches et s’arrêtait un peu au-dessus des chevilles ; une espèce de veste ou de brassière très étroite, ressemblant à la strophia et au ceste antique, jointe en haut et en bas par deux agrafes de pierreries, dessinait avec grâce les contours vifs et hardis de sa gorge ronde et brune, dont l’échancrure de l’étoffe laissait apercevoir le commencement.