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chimériques, ayant pour pistils des aigrettes de paon et pour pétales des ailes de papillon ; des brocarts à la trame grenue, étoilés et piqués de points lumineux ; des velours épinglés, des soieries plus changeantes que le col des colombes ou le prisme de l’opale ; des mousselines côtelées d’or et d’argent et historiées de ramages à découpures bizarres, une vraie garde-robe de fée ou de péri. ― Elles étalent toutes ces magnificences sur les divans, afin que Soudja-Sari puisse choisir la robe qu’elle veut mettre ce jour-là.

Rima-Pahes, dont les longs cheveux relevés à la japonaise sont tortillés autour de deux baguettes d’or terminées par des boules d’argent, se tient a genoux devant Soudja-Sari et lui montre différents bijoux contenus dans une petite cassette de malachite.

Soudja-Sari est incertaine ; elle ne sait pas s’il vaut mieux prendre son collier de chrysoberil, ou celui de grains d’azerodrach ; elle les essaye tour à tour et finit par choisir un simple fil de perles roses, qu’elle remplace bientôt par trois rangs de corail ; puis, comme fatiguée d’un aussi grand travail, elle appuie son dos sur les genoux d’une de ses femmes et laisse tomber ses bras, les mains ouvertes et tournées vers le ciel, à la façon d’une personne épuisée de lassitude ; elle ferme ses paupières frangées de longs cils et renverse sa tête en arrière ; les quatre esclaves,