― Il n’est plus temps, » répondit Fortunio. Et, prenant Musidora comme un petit enfant qu’on va emmailloter, il la roula dans une couverture et l’emporta.
Une chaleur insupportable et suffocante rendait le passage à travers l’enfilade de pièces qui composaient l’appartement difficile et périlleux pour un homme moins leste et moins vigoureux que Fortunio.
En quelques bonds il eut franchi la dernière porte ; il descendit l’escalier avec la légèreté d’un oiseau, ouvrit lui-même, ― il eût été trop long d’éveiller le suisse enseveli sous les doubles pavots de l’ivresse et du sommeil, ― et monta avec son précieux fardeau dans une voiture qui paraissait l’attendre. Après s’être assis, il posa Musidora sur ses genoux, et la voiture partit.
Les flammes avaient crevé les fenêtres et sortaient en noires colonnes ; toute la maison s’était enfin réveillée, et le cri : « Au feu ! au feu ! » répété sur tous les tons, courait d’un bout à l’autre de la rue.
Les étincelles voltigeaient et scintillaient en paillettes d’or sur le fond rouge de l’incendie. On eût dit une magnifique aurore boréale.
« Je parie que Jack ne se réveillera que lorsqu’il sera tout à fait cuit, » dit Fortunio en riant.
Musidora ne répondit pas. ― Elle était évanouie.