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IX

NE CROYEZ PAS AUX CHRONOMÈTRES


En revenant à moi, je vis la chambre pleine de gens vêtus de noir, qui s’abordaient d’un air triste et se serraient la main avec une cordialité mélancolique, comme des personnes affligées d’une douleur commune.

Ils disaient :

« Le Temps est mort ; désormais il n’y aura plus ni années, ni mois, ni heures ; le Temps est mort, et nous allons à son convoi.

— Il est vrai qu’il était bien vieux, mais je ne m’attendais pas à cet événement ; il se portait à merveille pour son âge, ajouta une des personnes en deuil que je reconnus pour un peintre de mes amis.

— L’éternité était usée, il faut bien faire une fin, reprit un autre.

— Grand Dieu ! m’écriai-je, frappé d’une idée subite, s’il n’y a plus de temps, quand pourra-t-il être onze heures ?…

— Jamais… cria d’une voix tonnante Daucus-