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tagne de granit rose, où se trouvait une ouverture étroite et basse qu’il eût été difficile de distinguer des fissures de la pierre si deux stèles bariolées de sculptures ne l’eussent fait reconnaître.

Hermonthis alluma une torche et se mit à marcher devant moi.

C’étaient des corridors taillés dans le roc vif ; les murs, couverts de panneaux d’hiéroglyphes et de processions allégoriques, avaient dû occuper des milliers de bras pendant des milliers d’années ; ces corridors, d’une longueur interminable, aboutissaient à des chambres carrées, au milieu desquelles étaient pratiqués des puits, où nous descendions au moyen de crampons ou d’escaliers en spirale ; ces puits nous conduisaient dans d’autres chambres, d’où partaient d’autres corridors également bigarrés d’éperviers, de serpents roulés en cercle, de tau, de pedum, de baris mystiques, prodigieux travail que nul œil vivant ne devait voir, interminables légendes de granit que les morts avaient seuls le temps de lire pendant l’éternité.

Enfin, nous débouchâmes dans une salle si vaste, si énorme, si démesurée, que l’on ne pouvait en apercevoir les bornes ; à perte de vue s’étendaient des files de colonnes monstrueuses entre lesquelles tremblotaient de livides étoiles de lumière jaune : ces points brillants révélaient des profondeurs incalculables.