meilleure nourriture, avaient grignoté, rongé et déchiqueté la peau.
Ce fut un grand chagrin pour la pauvre mère que son Hanz s’en allât dans l’autre monde les pieds nus ; alors que le cœur n’est plus qu’une plaie, il suffit de le toucher pour le faire saigner.
Elle pleura devant ces souliers : de cet œil enflammé et tari une larme put jaillir encore.
Comment pourrait-elle avoir des souliers pour Hanz ? elle avait donné sa bague et sa maison ; telle était la pensée qui la tourmentait. À force de rêver, il lui vint une idée.
Dans la huche restait une miche tout entière, car, depuis longtemps, la malheureuse, nourrie par son chagrin, ne mangeait plus.
Elle fendit cette miche, se souvenant qu’autrefois, avec la mie, elle avait fait, pour amuser Hanz, des pigeons, des canards, des poules, des sabots, des barques et autres puérilités.
Plaçant la mie dans le creux de sa main et la pétrissant avec son pouce en l’humectant de ses larmes, elle fit une paire de petits souliers de pain dont elle chaussa les pieds froids et bleuâtres de l’enfant mort, et, le cœur soulagé, elle rabattit le linceul et ferma la bière. — Pendant qu’elle pétrissait la mie, un pauvre s’était présenté sur le seuil, timide, demandant du pain ; mais de la main elle lui avait fait signe de s’éloigner.
Le fossoyeur vint prendre la boîte et l’enfouit dans un coin du cimetière sous une touffe de