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« Je n’ai pas besoin de bague là où je vais ; car, je le sens, les petits bras de Hanz me tirent en terre. »

Elle alla ensuite chez le charpentier, et lui dit :

« Maître, prenez de bon cœur de chêne qui ne se pourrisse pas et que les vers ne puissent piquer ; taillez-y cinq planches et deux planchettes, et faites-en une bière de cette mesure. »

Le charpentier prit la scie et le rabot, ajusta les ais, frappa, avec son maillet, sur les clous le plus doucement possible, pour ne pas faire entrer les pointes de fer dans le cœur de la pauvre femme plus avant que dans le bois.

Quand l’ouvrage fut fini, on aurait dit, tant il était soigné et bien fait, une boîte à mettre des bijoux et des dentelles.

« Charpentier, qui avez fait un si beau cercueil à mon petit Hanz, je vous donne ma maison au bout du village, et le petit jardin qui est derrière, et le puits avec sa vigne. — Vous n’attendrez pas longtemps. »

Avec le linceul et le cercueil qu’elle tenait sous son bras, tant il était petit, elle s’en allait par les rues du village, et les enfants, qui ne savent ce que c’est que la mort, disaient :

« Voyez comme la mère de Hanz lui porte une belle boîte de joujoux de Nuremberg ; sans doute une ville avec ses maisons de bois peintes et vernissées, son clocher entouré d’une feuille de plomb, son beffroi et sa tour crénelée, et les