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Un petit oiseau auquel le jeune Hanz avait donné une miette de pain l’hiver, quand la neige blanchissait la terre, avait, au printemps, laissé choir une graine de son bec au pied de la muraille, et il en était sorti un beau liseron qui, s’accrochant aux pierres avec ses griffes vertes, était entré dans la chambre par un carreau brisé et couronnait de sa guirlande le berceau de l’enfant, de sorte qu’au matin, les yeux bleus de Hanz et les clochettes bleues du liseron s’éveillaient en même temps et se regardaient d’un air d’intelligence.

Ce logis était donc pauvre, mais non pas triste.

La mère de Hanz, dont le mari était mort bien loin à la guerre, vivait, tant bien que mal, de quelques légumes du jardin et du produit de son rouet : bien peu de chose, mais Hanz ne manquait de rien, c’était assez.

Certes c’était une femme pieuse et croyante que la mère de Hanz. Elle priait, travaillait et pratiquait la vertu ; mais elle commit une faute : elle se regarda avec trop de complaisance et s’enorgueillit trop dans son fils.

Il arrive quelquefois que les mères, voyant ces beaux enfants vermeils, aux mains trouées de fossettes, à la peau blanche, aux talons roses, s’imaginent qu’ils sont à elles pour toujours ; mais Dieu ne donne rien, il prête seulement ; et, comme un créancier oublié, il vient parfois redemander subitement son dû.