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Le jour suivant, comme la brise avait changé, Ju-Kiouan envoya par le même moyen, vers le pavillon opposé, une réponse en vers, où, malgré toute la modestie naturelle à une jeune fille, il était facile de voir qu’elle partageait l’amour de Tchin-Sing.

En lisant la signature du billet, Tchin-Sing ne put retenir une exclamation de surprise « Le Jaspe !… N’est-ce pas la pierre précieuse que ma mère voyait en songe étinceler sur ma poitrine comme une escarboucle ?… Décidément il faut que je me présente dans cette maison ; car c’est là qu’habite l’épouse prophétisée par les esprits nocturnes. » Comme il allait sortir, il se souvint des dissensions qui divisaient les deux propriétaires et des prohibitions inscrites sur la tablette ; et, ne sachant quel parti prendre, il conta toute l’histoire à Mme Kouan. Ju-Kiouan, de son côté, avait tout dit à Mme Tou. Ces noms de Perle et de Jaspe parurent décisifs aux deux matrones, qui retournèrent au temple de Fô consulter le bonze.

Le bonze répondit que telle était, en effet, la signification du rêve, et que ne pas s’y conformer serait encourir la colère céleste. Touché des instances des deux mères, et aussi par quelques légers présents qu’elles lui firent, il se chargea des démarches auprès de Tou et de Kouan, et les entortilla si bien, qu’ils ne purent se dédire lorsqu’il découvrit la vraie origine des époux.