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non sans quelques variantes : ici les carreaux de porcelaine étaient remplacés par des bas-reliefs représentant divers sujets de la vie champêtre ; un lacis de branches, curieusement difformes et faisant des coudes inattendus, se substituait au balcon ; des poteaux, peints de couleurs vives, servaient de piédestaux à des chimères verruqueuses, à des monstres fantastiques, produit de toutes les impossibilités soudées ensemble. L’édifice se terminait par une corniche évidée et dorée, garnie d’une balustrade de bambous aux nœuds égaux, ornée à chaque compartiment d’une boule de métal. L’intérieur n’était pas moins somptueux : aux parois des murailles, des vers de Tou-Chi et de Li-Tai-Pe étaient écrits d’une main agile par lignes perpendiculaires, en caractères d’or sur fond de laque. Des feuilles de talc laissaient filtrer à travers les fenêtres un jour laiteux et couleur d’opale, et sur leur rebord des pots de pivoine, d’orchis, de primevères de la Chine, d’érythrine à fleurs blanches, placés avec art, réjouissaient les yeux par leurs nuances délicates. Des carreaux, d’une soie magnifiquement ramagée, étaient disposés dans les coins de chaque chambre ; et sur les tables, qui renvoyaient des reflets comme un miroir, on trouvait toujours des cure-dents, des éventails, des pipes d’ébène, des pierres de porphyre, des pinceaux, et tout ce qui est nécessaire pour écrire.