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caressée, et, se posant devant Mahmoud-Ben-Ahmed, lui prit les mains, et lui dit :

« Regardez-moi bien attentivement ; ne trouvez-vous pas que je ressemble fort à quelqu’un de votre connaissance ? »

Mahmoud-Ben-Ahmed ne put retenir un cri de surprise :

« C’est la même figure, les mêmes yeux, tous les traits en un mot de la princesse Ayesha. Comment se fait-il que je n’aie pas remarqué cette ressemblance plus tôt ?

― Vous n’aviez jusqu’à présent laissé tomber sur votre pauvre esclave qu’un regard fort distrait, répondit Leila d’un ton de douce raillerie.

― La princesse Ayesha elle-même m’enverrait maintenant son noir à la robe de damas jaune, avec le sélam d’amour, que je refuserais de le suivre.

― Bien vrai ? dit Leila d’une voix plus mélodieuse que celle de bulbul faisant ses aveux à la rose bien-aimée. Cependant, il ne faudrait pas trop mépriser cette pauvre Ayesha, qui me ressemble tant. »

Pour toute réponse, Mahmoud-Ben-Ahmed pressa la jeune esclave sur son cœur. Mais quel fut son étonnement lorsqu’il vit la figure de Leila s’illuminer, l’escarboucle magique s’allumer sur son front, et des ailes, semées d’yeux de paon, se développer sur ses charmantes épaules ! Leila était une péri !