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Là-dessus Ayesha se leva d’un air tout à fait majestueux, souleva une portière de brocart d’or et disparut.

Le muet vint reprendre Mahmoud-Ben-Ahmed, et le reconduisit par le même chemin jusqu’à l’endroit où il l’avait pris. Mahmoud-Ben-Ahmed, affligé et surpris d’avoir été ainsi congédié, ne savait que penser et se perdait dans ses réflexions, sans pouvoir trouver de motif à la brusque sortie de la princesse : il finit par l’attribuer à un caprice de femme qui changerait à la première occasion ; mais il eut beau aller chez Bedredin acheter du benjoin et des peaux de civette, il ne rencontra plus la princesse Ayesha ; il fit un nombre infini de stations près du troisième pilier de la mosquée du sultan Hassan, il ne vit plus reparaître le noir vêtu de damas jaune, ce qui le jeta dans une noire et profonde mélancolie.

Leila s’ingéniait à mille inventions pour le distraire : elle lui jouait de la guzla ; elle lui récitait des histoires merveilleuses, ornait sa chambre de bouquets dont les couleurs étaient si bien mariées et diversifiées que la vue en était aussi réjouie que l’odorat ; quelquefois même elle dansait devant lui avec autant de souplesse et de grâce que l’almée la plus habile ; tout autre que Mahmoud-Ben-Ahmed eût été touché de tant de prévenances et d’attentions ; mais il avait la tête ailleurs, et le désir de retrouver Ayesha