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ries, les fleurs et les perles de poésie qui lui manquent ; le titre est déjà tout trouvé, nous appellerons notre conte la Mille et deuxième Nuit ».

Scheherazade prit un carré de papier et se mit à écrire de droite à gauche, à la mode orientale, avec une grande vélocité. Il n’y avait pas de temps à perdre : il fallait qu’elle fût le soir même dans la capitale du royaume de Samarcande.

Il y avait une fois dans la ville du Caire un jeune homme nommé Mahmoud-Ben-Ahmed, qui demeurait sur la place de l’Esbekiek.

Son père et sa mère étaient morts depuis quelques années en lui laissant une fortune médiocre, mais suffisante pour qu’il pût vivre sans avoir recours au travail de ses mains : d’autres auraient essayé de charger un vaisseau de marchandises ou de joindre quelques chameaux chargés d’étoffes précieuses à la caravane qui va de Bagdad à la Mecque ; mais Mahmoud-Ben-Ahmed préférait vivre tranquille, et ses plaisirs consistaient à fumer du tombeki dans son narghilé, en prenant des sorbets et en mangeant des confitures sèches de Damas.

Quoiqu’il fût bien fait de sa personne, de visage régulier et de mine agréable, il ne cherchait pas les aventures, et avait répondu plusieurs fois aux personnes qui le pressaient de se marier et lui proposaient des partis riches et convenables, qu’il n’était pas encore temps et qu’il ne