ramena vers le tapis, regarda sa sœur d’un air profondément méditatif. Elle ne comprenait pas un mot de français.
« Holà, Francesco ! maroufle, butor, bélître, ici, singe manqué, sers-moi à quelque chose au moins une fois dans ta vie. »
Francesco s’approcha d’un air important et solennel.
« Puisque tu parles si mal français, tu dois parler fort bien arabe, et tu vas jouer le rôle de drogman entre ces dames et moi. Je t’élève à la dignité d’interprète ; demande d’abord à ces deux belles étrangères qui elles sont, d’où elles viennent et ce qu’elles veulent. »
Sans reproduire les différentes grimaces dudit Francesco, je rapporterai la conversation comme si elle avait eu lieu en français.
« Monsieur, dit la belle Turque par l’organe du nègre, quoique vous soyez littérateur, vous devez avoir lu les Mille et une Nuits, contes arabes, traduits ou à peu près par ce bon M. Galland, et le nom de Scheherazade ne vous est pas inconnu ?
― La belle Scheherazade, femme de cet ingénieux sultan Schahriar, qui, pour éviter d’être trompé, épousait une femme le soir et la faisait étrangler le matin ? Je la connais parfaitement.
― Eh bien ! je suis la sultane Scheherazade, et voilà ma bonne sœur Dinarzarde, qui n’a jamais manqué de me dire toutes les nuits : « Ma sœur, devant qu’il fasse jour, contez-nous