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Le drôle, qui s’y connaissait, disparut quelques secondes et revint bientôt suivi de deux femmes enveloppées dans de grands bournous blancs, dont les capuchons étaient rabattus.

Je présentai le plus galamment du monde deux fauteuils à ces dames ; mais, avisant les piles de carreaux, elles me firent un signe de la main qu’elles me remerciaient, et, se débarrassant de leurs bournous, elles s’assirent en croisant leurs jambes à la mode orientale.

Celle qui était assise en face de moi, sous le rayon du soleil qui pénétrait à travers l’interstice des rideaux, pouvait avoir vingt ans ; l’autre, beaucoup moins jolie, paraissait un peu plus âgée ; ne nous occupons que de la plus jolie.

Elle était richement habillée à la mode turque ; une veste de velours vert, surchargée d’ornements, serrait sa taille d’abeille ; sa chemisette de gaze rayée, retenue au col par deux boutons de diamant, était échancrée de manière à laisser voir une poitrine blanche et bien formée ; un mouchoir de satin blanc, étoilé et constellé de paillettes, lui servait de ceinture. Des pantalons larges et bouffants lui descendaient jusqu’aux genoux ; des jambières à l’albanaise en velours brodé garnissaient ses jambes fines et délicates aux jolis pieds nus enfermés dans de petites pantoufles de maroquin gaufré, piqué, colorié et cousu de fils d’or ; un caftan orange broché de fleurs d’argent, un fez écarlate enjolivé d’une