Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.

spectif, avait péri étouffée par la cendre chaude du volcan.

« Assez d’archéologie comme cela ! s’écria Fabio ; nous ne voulons pas écrire une dissertation sur une cruche ou une tuile du temps de Jules César pour devenir membres d’une académie de province, ces souvenirs classiques me creusent l’estomac. Allons dîner, si toutefois la chose est possible, dans cette osteria pittoresque, où j’ai peur qu’on ne nous serve que des beefsteaks fossiles et des œufs frais pondus avant la mort de Pline.

— Je ne dirai pas comme Boileau :

Un sot, quelquefois, ouvre un avis important…


fit Max en riant, ce serait malhonnête ; mais cette idée a du bon. Il eût été pourtant plus joli de festiner ici, dans un triclinium quelconque, couchés à l’antique, servis par des esclaves, en manière de Lucullus ou de Trimalcion. Il est vrai que je ne vois pas beaucoup d’huîtres du lac Lucrin ; les turbots et les rougets de l’Adriatique sont absents ; le sanglier d’Apulie manque sur le marché ; les pains et les gâteaux au miel figurent au musée de Naples aussi durs que des pierres à côté de leurs moules vert-de-grisés ; le macaroni cru, saupoudré de cacio-cavallo, et quoiqu’il soit détestable, vaut encore mieux que le néant. Qu’en pense le cher Octavien ? »

Octavien, qui regrettait fort de ne pas s’être trouvé